Anna Karenina
Il fallait tout de même que je vous parle des derniers films que j’ai vus au cinéma avant Noël, en commençant par Anna Karenina, que j’ai voulu voir dès le moment où mes yeux se sont posés sur la bande-annonce, il y a quelques mois de cela.
Mais d’abord, comme toujours, quelques mots sur l’essence même du film… Dans Anna Karenina, on y suit l’héroïne éponyme, interprétée par Keira Knightley, une femme à laquelle tout réussit – mariée à un haut fonctionnaire du gouvernement, ce qui lui confère une éminent statut social, elle a un fils qui est tout pour elle. Mais alors qu’elle se rend à Moscou pour rendre visite à son frère, Oblonski, qui est par ailleurs un incorrigible séducteur, elle rencontre Vronski, jeune et charmant officier de la cavalerie…
Parallèlement, Kitty, la jeune sœur de l’épouse d’Oblonski (mais non, ce n’est pas si compliqué voyons) est elle-même éprise de Vronski et brise ainsi le cœur de Levine, le meilleur ami de son beau-frère en refusant sa demande en mariage. Las ! Kitty aura elle aussi le cœur en mille morceaux lorsqu’elle se rendra compte que Vronski et Anna se désirent mutuellement.
C’est ainsi que les deux protagonistes se lancent à corps perdus dans une relation adultère qui scandalise l’aristocratie et qui mène Anna à subir le rejet et le mépris d’une grande partie de ceux qu’elle côtoyait jusqu’alors.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette adaptation du roman de Tolstoï est étourdissante. Le film commence comme commencerait une pièce de théâtre, et loin de se dissiper, cette mise en scène théatrale deviendra l’essence et la singularité même du film. C’est assez surprenant à vrai dire, d’autant plus quand on ne s’y attend pas vraiment. (ah ! que j’aime ignorer les avis et critiques des uns et des autres avant de m’engouffrer dans une salle de cinéma)
L’histoire d’Anna Karenina se présente donc un peu comme un ballet, une valse tragique et comique à la fois où la société n’est qu’un théâtre de faux-semblants et d’hypocrisie, et où la vie est aussi dérisoire qu’un décor fait en carton-pâte. C’est ingénieux, cette idée de mise en scène, mais réellement étourdissant par moments.
Mais si la théâtralité de l’œuvre sert de métaphore, le film n’en reste pas moins splendide, visuellement parlant : De beaux décors, des costumes soignés dans lesquels on se rêverait bien et une esthétique impeccable.
Et c’est là que je m’interroge… J’ai trouve le film très beau, très soigné mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas vraiment. Le film, paradoxalement, est assez lent, assez long. Le supplice d’Anna s’étire jusqu’au point où je me suis demandé quand il allait enfin cesser. Et ce qu’il manque à tout cela, c’est de l’émotion, la vraie.
Les violons de la bande originale ont bien essayé, mais je n’ai pas ressenti beaucoup d’empathie pour les personnages, qui eux-mêmes transmettaient assez peu d’émotion au spectateur. Peut-être qu’il n’y avait aucune alchimie entre les acteurs ? Ou alors je n’ai pas su saisir l’émotion, trop subtile ?
A mon humble avis, c’est tout simplement un film qui a sacrifié la profondeur et les émotions au profit d’une esthétique parfaite, trop lisse, et finalement, réellement artificielle. C’est en tout cas ma propre conclusion, tirée après moult réflexions. (…)
Oui, tant que ça ! Il faut dire que j’étais un peu désorientée (et déprimée, il faut bien l’admettre) en sortant de la salle à la fin d’Anna Karenina. S’il avait fallu donner mon avis « à chaud » je crois que j’en aurais été incapable. Je ne savais absolument pas quoi penser d’un film pareil.
C’est dommage, parce que les acteurs ne sont pas mauvais. Même si j’ignore encore ce que je ressens face à Keira Knightley (que j’apprécie sans adorer) dans ce rôle, elle n’était pas mauvaise. Mais encore une fois, je n’ai pas trouvé qu’elle avait insufflé assez d’émotion dans son personnage – il n’y a qu’à une seule scène de tout le film où j’ai ressenti une véritable empathie face à Anna. C’est peu. Jude Law est assez surprenant en Karénine, très loin des personnages charmeurs auxquels il est habitué. Il est ici l’époux blessé et sévère à la fois, et ça lui va plutôt bien.
Quant à Vronski, interprété par Aaron Taylor-Johnson, que vous avez pu voir cet automne dans Savages (que je n’ai jamais pu voir finalement, faute de temps) c’est assez dommage, encore une fois, parce que je trouve qu’il n’a pas « tout donné » pour son personnage. Et puis le blond (et la moustache) ne sied guère à cet acteur que je trouve habituellement plutôt beau garçon… (il a un air de Milo Ventimiglia, vous ne trouvez pas ?)
C’est davantage l’histoire d’amour « secondaire » du film – celle de Kitty et Levine – qui était la plus touchante et la plus sincère, selon moi. Plus belle, et moins artificielle.
Je ne sais pas si j’irais jusqu’à dire que j’ai été déçue, mais presque. Je m’attendais à quelque chose de plus profond, de plus abouti peut-être…
C’est vraiment regrettable, car la mise en scène et l’esthétique sont un écrin parfait à une histoire qui manque simplement d’une pincée d’émotion. (une grosse pincée)
De nouveau un film dont je ne sais pas bien quoi tirer… Et vous, l’avez-vous vu ? Je serais vraiment curieuse de lire vos avis et ressentis si c’est le cas !
Faut-il sacrifier l’émotion au service de l’esthétique ? Vous avez trois heures pour rendre vos copies !
+ J’ai failli oublier – la bande originale est une autre qualité de ce film. Aux accents slaves, elle reproduit bien cette idée de ballet et de théâtralité. A écouter par ici !
+ Bien sûr, ce film m’a un peu donné envie de lire Tolstoï. (je suis donc bien incapable de vous parler de la fidélité de Joe Wright à l’œuvre originale…)
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Commentaires (4)
Léa
8 janvier 2013 at 14h04
Entièrement d’accord avec ta critique. Le film est très beau esthétiquement, la mise en scène est vraiment magnifique. Mais le film perd en rythme et les personnages ne sont pas si attachants que ça. J’ai quand même été très séduite par Aaron Johnson même en blondinet (mais c’est sur qu’il est au meilleur de sa forme dans Savages :D) Et j’ai bien aimé voir Matthew Macfadyen :)
Camille
8 janvier 2013 at 14h37
Je suis en train de lire Anna Karénine, et je suis absolument subjuguée par ce roman. Du coup, je crois que je préfère ne pas aller le voir au cinéma, parce que le roman est tellement précis, intense, que je pense qu’on ne peut qu’y perdre..
Cicely W. Stone
14 janvier 2013 at 14h46
Chouette article! :) Je partage en grande partie ton avis sur le film.
Si tu veux y jeter un oeil, j’avais aussi écrit un petit billet critique sur mon blog après sa sortie outre-manche, j’étais sortie de la salle de cinéma toute déboussolée!
Lili
25 janvier 2013 at 4h39
Les avis sont bien mitigés pour le film !
Les longueurs et le rythme ne m’ont pas gênés en fait. Mais je pense qu’on s’attache tous à des choses différentes selon nos émotions personnelles. Enfin pour ma part. ;)
J’en profite pour découvrir ton blog :)