Genius
Si les sorties cinéma n’ont pas grand chose de passionnant ces derniers temps, j’avais noté qu’il fallait que j’aille voir Genius, un film dont je ne savais pas grand chose si ce n’est qu’il se passait dans le monde littéraire des années 30′ et que Colin Firth et Jude Law tenaient les premiers rôles…
… Et comme souvent, j’ai bien fait de suivre mon intuition cinématographique ! En même temps, moi qui aime follement les biopics, c’était évident que ça allait me plaire.
Genius suit les débuts littéraires de Thomas Wolfe (Jude Law), jeune auteur plein de fougue, dont le premier manuscrit a été refusé par tous les éditeurs de New York… jusqu’à ce qu’il arrive entre les mains de Maxwell Perkins (Colin Firth), éditeur renommé (et connu pour avoir découvert Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway – rien que ça) qui décide de le publier. S’en suit un succès fulgurant et presque inattendu…
Je suis assez étonnée que Genius (qui vient tout juste de sortir, certes) n’ait pas reçu de meilleures critiques, que ce soit dans la presse ou parmi les spectateurs, parce que j’ai trouvé une myriade* de choses à en dire – et des choses plutôt positives !
La première chose, celle qui chatouille la rétine, c’est l’aspect visuel de l’ensemble. Ses tons sont délavés (dans les gris, dans les marrons) et ils plongent tout de suite le spectateur dans une ambiance New Yorkaise des années 30′ qui rappelle un peu les films de gangsters et qui sied totalement à l’atmosphère un peu poussiéreuse du monde de l’édition (que je ne trouve pas moins fascinante).
Et la première scène (ou presque), qui n’est techniquement pas un plan-séquence je crois, mais qui en garde l’essence, et où l’on suit Perkins qui découvre le manuscrit de Wolfe, me reste encore fraichement en mémoire tant je l’ai trouvée parfaite pour entraîner le spectateur au cœur du film.
Les personnages évoluent entre les volutes de fumée de leurs cigarettes, dans la pluie tonitruante de New York, parcourent des chemins humides au crépuscule et lisent dans l’ambiance calfeutrée d’un train à vapeur… Visuellement, c’est un vrai plaisir, une plongée dans le passé comme si l’on parcourait un vieil album photo. Vous l’aurez compris, la photographie m’a séduite au premier coup d’œil !
J’ai lu çà et là que la mise en scène était critiquée pour son classicisme et j’ai envie de dire… et alors ? Mais après, vous commencez peut-être à me connaître, je n’ai jamais rien eu contre la « propreté » d’une réalisation et d’une mise en scène dite « classique ». Je préfère mille fois des cadrages classiques et une mise en scène académique à des mouvements de caméra mal maîtrisés, à l’originalité douteuse ou pire… à une caméra à l’épaule ! (dont j’ai une sacro-sainte horreur)
Mais laissons là les aspects purement visuels de Genius, et venons-en à l’intrigue. S’il s’agit effectivement d’une biopic (de Thomas Wolfe plus particulièrement) j’ai beaucoup aimé le parti-pris du réalisateur qui aura été de moins montrer la vie de l’auteur que sa relation, très particulière, avec son éditeur, Maxwell Perkins.
Si la chronologie est effectivement respectée, c’était beaucoup plus intéressant de se pencher sur la relation très forte qui unissait ces deux hommes, pourtant très différents l’un de l’autre – l’un est un homme discret et plutôt conservateur quand l’autre est un auteur exalté et passionné, capable d’écrire des milliers de mots en une seule journée – plutôt que sur la carrière de Thomas Wolfe, par exemple. (bien que, évidemment, les deux soient liés)
J’ai trouvé que cette relation était habilement mise en lumière, aussi bien dans ses excès que dans ses moments de grâce, et quelques scènes m’ont particulièrement touchée… Et tout ceci n’aurait évidemment pas aussi bien fonctionné si les acteurs choisis n’avaient pas été aussi bons.
Colin Firth, dans le rôle de Maxwell Perkins (qui ne quitte jamais son chapeau), excelle comme toujours dans un rôle plein de retenue et de pudeur. Mais ça n’en reste pas moins un rôle d’homme déterminé et fort. (et de toute façon, je n’ai encore jamais vu Colin Firth être mauvais !)
De son côté, Jude Law aura été une très bonne surprise – pas que je le trouve mauvais acteur, mais je ne me souviens pas d’un rôle où il aurait été particulièrement marquant… Ici, dans ce rôle d’auteur passionné, excessif et bruyant, il laisse libre cours à son exaltation, et ça lui va bien. J’ai lu quelque part qu’il en faisait trop, mais je ne suis pas vraiment d’accord… Wolfe semblait être un homme passionné et agité, et si le personnage est parfois trop bruyant, effectivement, je n’ai jamais trouvé que ça sonnait faux.
Les seconds rôles, quant à eux, relativement mineurs, n’auront tout de même pas été en reste. Nicole Kidman et Laura Linney, malgré une présence à l’écran qui est minime, sont tout à fait précieuses à l’intrigue. Guy Pearce et Dominic West (respectivement dans les rôles de Fitzgerald et Hemingway) offrent de leur côté un contraste intéressant avec le personnage de Wolfe.
J’ai également particulièrement aimé cette immersion dans le monde littéraire et suivre l’élaboration des œuvres de Wolfe, un auteur dont je ne connaissais rien… Ce qui est tout à fait dommage d’ailleurs, vu qu’il était considéré en son temps comme l’un des plus grands auteurs américains ! (évidemment, son œuvre est désormais dans ma liste de choses à lire)
Comme vous l’aurez compris en lisant cette (longue) critique, je n’ai pas trouvé grand chose à redire sur Genius – c’est un film que j’ai beaucoup aimé. Ce n’est pas un film que je qualifierais de chef d’œuvre, mais j’ai trouvé qu’il était bien réalisé, que les acteurs étaient vraiment bons et l’intrigue était intéressante…
Bref, je le conseille à tous les amateurs de biopics, férus de littérature, nostalgiques du passé et… admirateurs de Colin Firth !
Vous ai-je peut-être donné envie de le voir ? Et est-ce que vous avez déjà lu les livres de Thomas Wolfe ?
Je vous souhaite en tout cas une belle journée et un bon week-end – à très vite !
*petit clin d’œil ému à une scène du film – vous comprendrez si vous l’avez vu…
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Commentaires (8)
Cocon de Douceur
29 juillet 2016 at 10h51
Oh Yasmine, tu m’as tellement donné envie de voir ce film! D’autant que je viens de me rendre compte que cela va faire pas loin d’un an que je ne suis pas allée au cinéma!
L’atmosphère me plaît beaucoup. J’espère qu’il sortira dans les salles près de chez moi, car pour le moment, les salles qui diffusent ce film sont à une heure de route.
A bientôt, et merci pour cette chronique cinéma!
Belle et douce journée,
Valentine
Kim
29 juillet 2016 at 11h15
J’ai adoré ta critique, qui me donne vraiment envie de voir ce film, dont j’ignorai d’ailleurs qu’il était à l’affiche. J’aime beaucoup cet univers littéraire des années 30, avec ces couleurs. Colin Firth étant un très bon acteur, ceci renforce mon envie d’aller voir ce film.
Merci beaucoup.
Aurore
29 juillet 2016 at 12h58
Au contraire de toi, je ne suis pas une grande fan des biopics, mais j’ai noté aussi celui-ci, surtout pour le duo de comédiens !
Hey Cocoon
29 juillet 2016 at 16h09
Tu m’as vraiment mis l’eau à la bouche. Ce film à l’air vraiment bien, il m’inspire quelque chose de très créatif. :)
Lucie
29 juillet 2016 at 23h57
Merci pour cet article sur ce film que je n’ai pas du tout vu passer! Il faut aussi avouer qu’en ce moment, je vis un peu en autarcie entre mon ordinateur, mes livres et mes pages de notes, puisque je travaille sur mon petit-mémoire de bachelor, je n’ai donc pas trop le temps d’aller au cinéma. Mais si je trouve un moment, ou s’il est encore en salle au après la reddition de mon travail, j’envisagerai d’y aller. Tu m’en as donné l’envie en tout cas!
Des bisous! :)
thecherrycrumble
30 juillet 2016 at 0h33
Après avoir lu ce chouette article et que j’ai vu la photographie du film avec la BA, j’ai définitivement envie de le voir… vivement! :)
Camomille
31 juillet 2016 at 12h47
Je n’avais pas entendu parler de ce film mais ta critique m’a vraiment donné envie de le voir! ;)
Anna
10 août 2016 at 23h55
Tes impressions renforcent mon envie d’aller voir ce film, alors ! Dès que j’ai vu le casting, j’ai été intriguée.
Je confirme, les mouvements de caméra qui donnent le mal de mer (sous prétexte de donner un genre pseudo cinéma d’auteur au film) : très peu pour moi hehe
xx