Big Eyes
Aller au cinéma, ça m’avait quand même un peu manqué… Alors pour me rattraper, je suis allée voir Big Eyes hier soir, la dernière production de Tim Burton, et c’est un film que j’ai plutôt bien aimé.
C’était assez étrange pour moi qui me suis consacrée à l’œuvre de Tim Burton lors de ma seconde année de Master, de me retrouver devant un de ses films, et son film le moins caractéristique qui plus est – le moins gothique, le moins fou et le plus réel, d’autant qu’il s’agit d’un biopic.
Mais, et j’y reviendrai, ça reste tout de même un film qui reprend de nombreux thèmes chers à Burton, pour peu qu’on y fasse un peu attention…
Dans Big Eyes, on rencontre Margaret (Amy Adams), fraîchement séparée de son mari et qui essaie tant bien que mal de subvenir aux besoins de sa fille en mettant ses talents d’artiste à profit. C’est ainsi qu’elle croise le chemin de Walter Keane (Christoph Waltz) – ils tombent très vite amoureux et se marient.
Et pendant que Margaret peint ses énigmatiques tableaux d’enfants aux grands yeux, Walter s’attribue tout le mérite de son travail, connaissant le succès et la gloire… Au grand dam de Margaret qui se voit contrainte d’accepter la « stratégie » de son mari qui s’enrichit ainsi à vue d’œil.
Quand le film a commencé, en s’ouvrant sur le bal des impressions de reproductions de tableaux de Margaret, j’ai souri en me disant que ça, c’était fondamentalement Burtonien. Souvenez-vous, Charlie et la Chocolaterie ou encore Sweeney Todd commencent de façon similaire, dans la mécanique d’une chaîne de production.
Sans parler de ce premier plan sur une banlieue californienne colorée à souhait – en cinq minutes, je me suis sentie en terrain familier, et pourtant, ça n’allait pas forcément durer.
L’esthétique de Big Eyes, incroyablement bien soignée, lumineuse et colorée, reprenant joliment l’ambiance des années 50′ puis 60′, est délicieusement rafraichissante – ça change de l’esthétique sombre à laquelle nous avait quelque peu habitué Burton.
La prestation des acteurs est à souligner pour sa qualité. Amy Adams, touchante et sincère, sans jamais trop en faire, est parfaite dans son personnage. Quant à Christoph Waltz, qui campe un personnage haut en couleurs, à la fois très drôle et désagréable, donne parfois l’impression d’aller trop loin… Mais quelque part, cela sied tellement bien au personnage, qu’on le lui pardonne rapidement.
Mais Big Eyes, c’est avant tout cette mélancolie et tristesse qui se dégage des œuvres de Margaret, de ces portraits un peu kitsch d’enfants aux grands yeux… Et ça, mine de rien, c’est tout Burton.
Margaret Keane a d’ailleurs été une grande source d’inspiration pour Tim Burton tout au long de sa carrière, et il n’est pas difficile de trouver des personnages aux grand yeux dans ses nombreux films. La marginalité de Margaret est également caractéristique de l’œuvre de Burton – qui d’autre que lui aime tant à dépeindre des outsiders ?
Bref, même s’il n’en a pas l’air de prime abord, ce film reste profondément ancré dans l’univers un peu mélancolique de Burton, mais dans un style beaucoup plus classique (induit par le genre même du film, le biopic) et peut-être plus sage.
Trop sage peut-être…? Malgré ses nombreuses qualités, et même si j’ai beaucoup aimé ce film, objectivement, il m’a manqué un petit quelque chose pour que je puisse dire que j’ai adoré. Peut-être qu’il m’a manqué un peu d’émotion, de magie…
Big Eyes est un très bon film, et comme toujours, Tim Burton s’est entouré de la même équipe qui l’accompagne depuis des années (même si Johnny Depp n’est pas à l’affiche, côté technique j’ai remarqué de nombreux noms familiers) pour un résultat d’une belle qualité.
Visuellement réussi, doté d’un scénario efficace, porté par des acteurs justes et sincères – il semblerait qu’on ne puisse pas reprocher grand chose à Big Eyes. Si ce n’est que je n’y ai, personnellement, pas trouvé beaucoup d’émotion et que c’est bien dommage pour un film porté par la vision mélancolique à souhait des grands yeux des tableaux de Margaret…
Est-ce que vous avez vu Big Eyes ? Qu’en avez-vous pensé ?
Je vous le conseille tout de même, car mine de rien, j’ai passé un très bon moment, immergée dans cette ambiance 50’s que j’aime tant, mais attention, à ceux qui s’attendent à un Burton gothique, attendez-vous à une déception !
Ah, à noter aussi que Lana del Rey a composé deux chansons spécialement pour le film et que sa voix lancinante, ses mélodies un peu tristes correspondent très bien à l’intrigue de Big Eyes…
Passez une belle journée & à bientôt !
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Commentaires (8)
Mystic
26 mars 2015 at 10h42
J’avais des doutes et tu m’as plutôt convaincue. Ces dernières années Burton n’a pas réalisé grand chose de génial (à mon sens, il s’était déjà montré essoufflé avec Sweeney Todd), aussi quelque chose de plus épuré et de moins « grotesque » ne peut être qu’appréciable, surtout si les thèmes récurrents de ses films sont toujours bien présents.
Laurelas
29 mars 2015 at 0h35
Vu comme ça, oui ça peut être une bonne chose de le voir faire autre chose.
Son dernier film « Burtonien » que j’avais vraiment aimé, c’était Frankenweenie <3
Aurore
26 mars 2015 at 12h06
« Trop sage peut-être…? Malgré ses nombreuses qualités, et même si j’ai beaucoup aimé ce film, objectivement, il m’a manqué un petit quelque chose pour que je puisse dire que j’ai adoré. Peut-être qu’il m’a manqué un peu d’émotion, de magie… »
Tu as résumé en deux phrases ma déception face à un film, certes agréable, mais pas assez Burtonien à mon gout !
Bienvenue chez Coline
26 mars 2015 at 12h18
J’ai beaucoup aimé ce film que j’ai trouvé touchant. Effectivement il sort un peu du registre habituel de Tim Burton mais c’est d’autant plus agréable.
Après le film, j’ai cherché toutes les histoires autour de cette peintre et c’est incroyable la vie qu’elle a eu.
Bises
Coline
http://bienvenuechezcoline.com
Bobbie
27 mars 2015 at 10h24
Je ne l’ai pas encore vu mais, carte UGC illimitée oblige, j’irai forcément en salle pour me faire mon propre avis. Néanmoins, tout ce que j’ai pu ou entendre jusqu’ici rejoint ton opinion : manque d’émotion, manque de magie, manque de folie. C’est vrai que c’est étonnant de la part de Burton, c’est un choix artistique que je ne comprends pas très bien. La volonté de sortir de son cadre habituel me surprend mais bon, peut-être faut-il simplement y aller en ne s’attendant à rien de ce que l’on connaît déjà.
Laurelas
29 mars 2015 at 0h37
Pour moi le problème c’est pas que le film sorte de l’ordinaire par rapport au registre de Burton (why not, c’est bien de voir des cinéastes s’essayer à autre chose, ici le biopic) c’est qu’il manque un petit quelque chose sur lequel j’arrive pas exactement à mettre le doigt qui m’empêche d’avoir « adoré ».
Même si paradoxalement, j’ai beaucoup aimé quand même… Tu me diras ce que tu en as pensé ;)
Mezaya
27 mars 2015 at 17h20
D’habitude, je suis de celle qui passe sans laisser de traces, mais là j’ai bien envie de commenter car je suis tout à fait d’accord avec ce billet.
Je connais très peu l’œuvre de Burton, donc je ne vais pas comparer à ce qu’il a fait précédemment. ( Même si je me suis fait la réflexion qu’on était bien loin de l’univers coloré et décalé de Charlie et la Chocolaterie ).
J’ai bien aimé ce film, mais comme toi, je trouve qu’il manquait d’émotion. C’est vraiment le petit truc qui aurait pu le faire passer de bon film à très bon film je pense.
Les acteurs sont bons, l’histoire est intéressante ( je ne connaissais pas l’histoire des Keane, mais le grand sourire Walter… on sent venir le coup fourré à des kilomètres ^^ ), quant à l’esthétique, comme tu l’as dis, elle est très belle, et tellement représentative de l’poque.
Bref, tout ça pour dire, que j’ai bien aimé et que je me retrouve tout à fait dans ton avis :D
Laurelas
29 mars 2015 at 0h38
J’en suis ravie (et que tu sois sortie de ton silence pour une fois aussi – n’hésites pas à le faire plus souvent, c’est toujours agréable d’échanger :))
A bientôt :)